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La Critique De L



Il se peut que ce ne soit pas celui-là le chemin parcouru par la pensée humaine en général, comme juge Kant; mais il constitue certes la loi de sa propre pensée. Avant de s'attacher à l'élaboration de sa doctrine, Kant s'engage dans l'entreprise critique: il discerne les domaines du savoir, distingue les différentes facultés et délimite leurs respectifs champs d'application. Ayant accompli ces exigences, il peut se consacrer désormais à la construction de sa philosophie, de son système. "J'entends par système," définit-il, "l'unité de diverses connaissances sous une idée. Cette idée est le concept rationnel de la forme d'un tout, en tant que c'est en lui que sont déterminées a priori la sphère des éléments divers et la position respective des parties" (Op. cit., p. 558). Et il continue un peu plus loin: "Le système de toute connaissance philosophique est la philosophie. On doit l'admettre objectivement, si l'on entend par là le modèle de l'appréciation de toutes les tentatives faites pour philosopher" (Op. cit., p. 561). Que son ambition consiste à fonder un système philosophique et qu'à son avis la philosophie doive nécessairement se dresser en tant que système, ce sont des points qu'il présente dès le départ comme incontestables. Mais il faudrait bien se poser la question si cette conception ne risquerait d'être un peu trop étroite; car si la philosophie pure s'identifie à une architectonique des systèmes, alors Pascal, Rousseau et Nietzsche, parmi d'autres penseurs, ne pourraient se prendre en tant que philosophes.


Dans la préface de la première édition de la Critique de la raison pure, Kant commence par affirmer que la raison humaine a "cette destinée singulière" de se poser des questions qu'elle ne saurait refuser ni répondre. Toute métaphysique jusqu'alors aurait échoué, parce qu'elle ne s'est pas attaquée à la difficulté fondamentale, qui réside en l'existence de questions inévitables, mais insolubles, sur le plan théorique-et c'est précisément à cause de cela qu'il faudrait la soumettre à la critique, afin d'entreprendre sa restauration à partir de bases entièrement nouvelles. Et, dans la préface de la seconde édition du livre, il remarque: "C'est dans cette tentative de changer la méthode suivie jusqu'ici en Métaphysique et d'opérer ainsi en elle une révolution totale, suivant l'exemple des géomètres et des physiciens, que consiste l'oeuvre de cette Critique de la raison pure spéculative" (Op. cit., p. 21). Il fait voir que la critique n'a pas la fonction de remplacer la métaphysique par une théorie de la connaissance de la science positive mais de la fonder, malgré la profonde difficulté qui lui est inhérente. Elle doit être considérée comme une discipline philosophique, non pas dans le sens d'un domaine du savoir, mais d'une "éducation" de la raison humaine, puisqu'il faut que celle-ci reconnaisse ses limites pour bien opérer dans ses différents usages. La critique a une "utilité négative," parce qu'elle empêche la raison de dépasser les limites de l'expérience dans le domaine de la connaissance; mais elle a aussi "une utilité positive et très importante, dès qu'on est convaincu qu'il y a un usage pratique absolument nécessaire de la raison pure (l'usage moral), dans lequel elle s'étend inévitablement au-delà des limites de la sensibilité" (Op. cit., p. 22).




La Critique De L



En ce qui concerne l'idée selon laquelle la critique ne serait qu'un moyen pour la réalisation de la tâche philosophique, il se peut que Nietzsche et Kant se mettraient d'accord. Mais du fait que leurs conceptions de la philosophie sont entièrement diverses, les divergences entre eux ressurgissent inévitablement. D'après Nietzsche, la critique telle qu'elle a été entreprise par Kant n'a aucune légitimité, car elle opère de façon à attribuer à la raison le double rôle de juge et d'accusé. "N'était-ce pas un peu étrange d'exiger qu'un instrument critiquât sa propre justesse et sa propre compétence?"-s'interroge Nietzsche-"que l'intellect lui-même 'reconnût' sa valeur, sa force, ses limites? et même n'était-ce pas un peu absurde?" (Aurore, Avant-propos, # 3) Par ce procédé, Kant aurait entraîné des conséquences néfastes pour la théorie de la connaissance et surtout révélé son intention quant à la doctrine morale. Par le moyen de la critique, il aurait le dessein d'imposer des limites à la raison pour mieux instituer la moralité dans un monde transcendant. Et, quant à ce point-là, il se peut que Nietzsche ne se trompe pas. (4)


Nietzsche déclare, à son tour, "que tous les philosophes ont construit sous le charme de la morale, même Kant,-que leur dessein visait en apparence la certitude, la 'vérité', mais en fait, de 'majestueux édifices moraux': pour nous servir encore une fois du candide langage de Kant qui considère comme sa tâche et son travail propres, 'sans beaucoup d'éclat, mais pourtant non sans mérites', 'd'applanir et d'affermir le sol à l'intention de ces majestueux édifices moraux'". (5) Il se peut qu'il soit dépourvu d'importance de remarquer que les passages cités appartiennent à la "Dialectique Transcendantale," bien que ce fait pourrait contribuer à montrer que Nietzsche épouse la thèse de la solidarité des deux Critiques. Toujours est-il qu'il écrit dans Par delà bien et mal: "La raide et vertueuse tartuferie avec laquelle le vieux Kant nous entraîne dans les méandres de la dialectique, pour nous amener, ou plutôt nous égarer, jusque devant son 'impératif catégorique', ce spectacle nous fait sourire" (# 5). Il se peut qu'il soit un peu forcé de prétendre que l'expression "méandres de la dialectique" se rapporte précisément à la "Dialectique Transcendantale," bien que ce biais de lecture saurait concourir à notre hypothèse interprétative. Mais il y a un autre texte beaucoup plus approprié à nous confirmer. "Pour faire une place à son 'empire moral'," affirme Nietzsche, "il (Kant) se vit contraint de poser un monde indémontrable, un 'au-delà' logique-c'est pour cela précisément qu'il avait besoin de sa critique de la raison pure! En d'autres termes: il n'en aurait pas eu besoin s'il n'avait existé pour lui une chose plus importante que tout: rendre le 'domaine moral' invulnérable et même de préférence insaisissable à la raison" (Aurore, Avant-propos, # 3).


Voilà pourquoi son système se caractérise comme une "philosophie des portes dérobées": par elles, rentrent la morale et la métaphysique, que la critique avait chassées du domaine de la connaissance. Contre ce système, pèse encore une circonstance aggravante: il a cherché à légitimer la croyance en Dieu, en l'âme, en la liberté, en l'immortalité et, par ce moyen-là, il a permis à la théologie de se cacher derrière la métaphysique. Mais, dans la perspective nietzschéenne, toutes les croyances sont déjà un problème psychologique, dans le sens où elles abritent des évaluations et doivent, en tant que telles, être évaluées.


Or, il faut soumettre la philosophie critique à l'examen généalogique. Est-ce qu'elle ne consiste que dans la "confession de son auteur?" Est-ce que Kant, comme tant d'autres, n'est que "l'avocat de ses préjugés?" N'a-t-il pas pris "les bons sentiments comme des arguments," "la conviction comme critère de vérité?" Après avoir été examinés les motifs qui présidèrent à la constitution de la philosophie critique et analysées les inclinations qui menèrent à l'élaboration de la doctrine morale, le verdict est prononcé: "L'instinct qui se trompe à coup sûr en tout, la contre-nature faite instinct, la décadence allemande faite philosophie: voilà Kant!" (L'Antéchrist # 11) Il n'est pas surprenant la manière par laquelle Nietzsche envisage la pensée kantienne. L'accusé et le juge embrassent des conceptions de la philosophie entièrement différentes et adoptent, pour traiter du problème moral, des points de départ tout à fait distincts. Ayant recours à une expression de Nietzsche lui-même, on est ici en présence d'"antipodes."


(4) Cf. à ce propos l'important travail de Gerhard Krüger, Critique et morale chez Kant, traduction française de M. Regnier, Paris, Beauchesne et ses fils, 1961. Il essaie de montrer que, d'après Kant, l'essence de la philosophie réside dans la métaphysique. Celle-ci consiste en une "disposition naturelle" enracinée dans l'homme, qui doit se servir, pour se faire fondée, de la critique en tant que "propédeutique."


The Prix de la critique is a prize awarded by the Association des Critiques et des journalistes de Bande Dessinée to the best comic album released for a year in France. Previously, from 1984 to 2003, it was called Prix Bloody Mary and awarded at the Angoulême International Comics Festival. Concerned at first with albums of the Franco-Belgian comics school it was eventually interested in works coming from the comic book tradition of more distant lands.


Un panorama (incomplet) de la critique au XXe siècle : une analyse de la pensée théorique de Sartre et Blanchot, de Döblin et Brecht, de Jakobson et Bakhtine, de Barthes et Frye, de Watt et Bénichou. Un roman (inachevé) d'apprentissage, où l'auteur raconte ses amours et ses déceptions, pendant ces vingt-cinq dernières années. Un programme (rapidement esquissé) de la " critique dialogique ", qu'illustrent les sept chapitres du livre ; dans les deux derniers, les auteurs critiqués prennent à leur tour la parole. Une réplique dans le débat idéologique actuel, présenté comme l'antinomie d'un dogmatisme classique et d'un relativisme moderne, antinomie à laquelle l'auteur croit pouvoir échapper par cette critique de la critique.


Le parcours HiTCAr dote les étudiants de capacités à la recherche et à l'analyse critique de sources (archives, sources publiées, documents graphiques) ; à la connaissance de la discipline et état de l'art ; à la connaissance des champs de recherche actuels ainsi que des nouveaux objets de la recherche ; à la maîtrise d'une méthodologie en histoire et théorie de l'architecture et de la ville.


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